Il était une petite lumière

La vie d’une petite lumière

Elle voyageait dans le ciel. Sa lueur palissait de temps en temps. Il était temps pour elle de devenir plus grande. Elle engloutissait de l’énergie qu’elle trouvait sur son passage. Les plus belles l’attiraient et elle s’en délectait. Elle grossissait. Elle brillait de plus en plus. Sa fluctuation cessa bientôt et décida de faire des petits. Elle sema quelques lumières autour d’elle et leur expliqua comment se nourrir aussi pour grandir. Elle ne voulait plus être seule. Cette compagnie la satisfaisait, la réjouissait même !Il était temps pour elle d’aller explorer d’autres contrées et d’autres temps.

Elles aperçurent au loin des lumières. Elles voulurent s’en approcher, curieuses qu’elles étaient. Qui étaient-elles ? Que faisaient-elles ? Qu’attendaient-elles là-bas ? Qu’y avait-il donc de si intéressant là ? Elles voulaient savoir.

Elles communiquèrent entre elles. Elles étaient toutes d’accord pour aller leur rendre visite et obtenir des réponses à leur questions.Mais un doute les stoppèrent dans leur élan : Et si elles ne voulaient pas d’elles ? Et si elles ne voulaient pas communiquer ?

La plus grande lumière encouragea ses petites à poursuivre leur route.Sa curiosité était trop forte. Elle avait besoin de savoir qui elles étaient pour se définir, car elle ne savait pas qui elle était. Elle était lumière. Et voilà !

Les lumières se rapprochaient maintenant. Elles brillaient vraiment beaucoup dans cette pénombre insondable. Elles étaient au nombre de sept, comme elles. Une grande et six plus petites. C’était étrange… Leur blancheur était toutes similaires, et avait la même pureté. Elles commençaient à être bien proche maintenant.Leur beauté subjuguèrent les plus petites d’entre elles, qui stoppèrent leur course, fascinées par tant d’éclat et de beauté. Leur mère stoppa sa course également. Elle ne voulait pas perdre ses petites. Elles comprirent que ces lumières brillaient tant par le contraste avec leur sombre environnement. La nuit était donc nécessaire pour qu’elles brillent !

La plus petite demanda :

       –  Et si tout était illuminé, que se passerait-il ?

La plus grande, instinctivement, sut la réponse :

     – Elles brilleraient tout autant, mais aucune autre ne pourraient les voir dans cette blancheur. Tout serait blanc !

     – Qu’est-ce que le blanc ? demanda une autre.

     – C’est la chaleur et la vibration que nous sommes. Que tu vois en nous regardant. Je te vois toute blanche aussi !

     – Existe-t-il d’autres chaleurs et vibrations ?

     – Je ne sais pas. Je n’en ai encore jamais rencontrées jusqu’à maintenant. Allons à la rencontre de celles-ci déjà ! Vous le voulez bien ?

Elles reprirent alors leur course dans ce vide sans chaleur, ni vibrations, mais qui devenait de plus en plus clair autour de ses semblables.

     – Tu crois qu’elles savent parler ? demanda une petite lumière.

     – Nous verrons bien. Je vais les appeler, peut-être m’entendront-elles ?

Et elle se mit à scintiller de mille feux, tentant d’envoyer un éclat d’elle-même vers la plus grande, et essayer de l’atteindre. Un faisceau lumineux jaillit de son cœur et, tel un rayon laser, alla toucher la blanche vibration encore loin devant elle. Cette dernière se mit instantanément à vibrer et scintiller. La mère Lumière ressentit immédiatement un choc. Son appel s’était répercuté sur elle et lui était revenu !

« Que venait-il de se passer ? » Elle ne comprenait pas.« Peut-être était-ce cela sa réponse ? Bizarre… ».

     – Alors ? Qu’a-t-elle dit ? lui demanda une de ses petites.

     – Je n’ai pas compris. Approchons-nous encore.

Elles ne devaient plus être bien loin maintenant. Pas facile d’évaluer les distances dans ce lieu. Au moment où elle crut qu’elles furent à leurs côtés, elles stoppèrent leurs progressions et les observèrent. Elles éclataient de mille feux, et étaient magnifiques ! La petite voulut entamer un échange et contacta une de sa taille :

     – Coucou, je suis là ! Qui es-tu ?

Pas d’autres réponses que sa propre question qui lui revint.

     – Peut-être qu’elles sont en train d’apprendre ? interrogea l’autre petite.

La grande tenta une expérience : elle s’éloigna un peu des petites. Qu’elle ne fut pas sa consternation de voir que son homologue d’en face, tel un écho, reproduisit son geste et s’écarta elle aussi de ses petites compagnes ! La mère Lumière, fort étonnée, essaya alors de danser et tournoyer autour de ses petites– tel un ballet. Sa congénère fit de même ! Quand elle s’arrêtait, elle stoppait aussi. « Elle imite tous mes mouvements ! » constata-t-elle. Les petites se mirent à danser aussi, et tel un miroir, les autres dansèrent également, au même rythme et de la même manière. Elles sont nos reflets ! comprit alors la mère.

     – C’est quoi un reflet ? demandèrent les plus petites.

      – Ce sont nos lumières qui brillent sur quelque chose et qui nous revient. Les reflets ne sont pas réels. Ce sont nous !

     – Oh ! firent les petites déçues.

     – Qu’est-ce qui produit ce reflet ?

     – Je ne sais pas, répondit la grande. Peut-être sommes-nous arriver au bout du monde ?

     – Nous sommes toutes seules alors ?

     – Je ne sais pas. Nous n’avons pas explorer tout notre univers encore. Peut-être que si nous allons voir de ce côté-ci… ? montra-t-elle sans réfléchir. Au hasard.

     – Oui !! Allons voir, répondirent-elles contentes de cette nouvelle expérience, toute curieuse qu’elles étaient d’apprendre.

     – Attendez ! Avant de partir, essayons quelque chose.

Elle s’approcha encore de l’autre grande lumière et la toucha. Pof ! Elles disparurent toutes les deux en même temps, laissant les plus petites orphelines, seules au milieu de ce rien sombre et infini.

Elles pleurèrent et pleurèrent longtemps sa disparition. Elles comprirent en tout cas qu’elles ne devaient pas s’approcher de leurs reflets, sous peine de disparaître aussi, dieu sait où. Elles l’appelèrent pendant des éons, espérant qu’elle reviendrait comme elle était partie. Lasses et désespérées, elles décidèrent de prendre leurs vies en main, et prirent la route en direction du lieu que leur mère avait suggéré avant son départ. Toutes, sauf une ! Celle-ci ne voulait pas abandonner. Elle était persuadée que sa mère finirait pas réapparaître tôt ou tard. Et tant pis si c’était tard. Elle ne bougerait pas !

     – Mais alors, tu vas rester toute seule ? constata sa petite sœur.

     – Tant pis. Je ne l’abandonnerais pas ! répondit-elle têtue. Restez avec moi !

     – Cela fait une éternité que nous attendons ! Elle ne reviendra plus. Elle a dû partir de l’autre côté du reflet et a dû se perdre, sinon elle serait revenue ! Ou bien nous aurait envoyé un message ! Mais rien du tout… Non, non, toi viens avec nous. Tu perds ton temps à espérer une chose qui n’arrivera plus.

     – Non, je suis décidée. Je reste ! La solitude ne me fait pas peur. Peut-être que vous pourrez repasser par ici un peu plus tard pour me raconter vos aventures ?

     – Oh oui ! C’est une très bonne idée ! Faisons comme cela, confirma-t-elle sans être certaine de pouvoir retrouver cet endroit. Elle se fiera à son instinct, se résolut-elle.

     – Au revoir petite sœur !

     – Au revoir ! A bientôt ! Je vous appellerai si elle revient.

Et les autres filèrent aussitôt.

Le temps passa, et passa, sans que rien ne se produise. Le petite esseulée commençait à perdre de son éclat. Elle n’avait rien avalé depuis des lustres. Elle n’osait pas bouger de peur que sa mère surgisse pendant son absence et parte à leur recherche. Peu à peu, sa luminosité diminua, et diminua… Elle était devenue toute petite. Si petite… Mais elle ne s’en rendait pas compte. Elle se sentait juste moins forte qu’avant. Elle se diluait dans ce néant, qui avalait ses dernières énergies. Son pâle reflet semblait s’éloigner d’elle peu à peu. Ce double était peut-être sa dernière chance, après tout ?

Elle se rapprocha de lui du plus qu’elle pouvait, et observa d’abord l’espace autour de ce dernier. Il n’y avait rien de visible. Et si elle le contournait ? Il y a peut-être quelque chose de l’autre côté qu’elle n’a pas pu remarquer ? Elle usa sa dernière étincelle d’énergie et passa à la droite de son reflet. Mais celui-ci fit le même mouvement. Bien sûr… Le constat était évident : elle ne pouvait pas le contourner, parce que ce n’était qu’une image d’elle-même.

Elle n’avait plus assez d’énergie pour partir rejoindre ses sœurs, ni aller en quête de nourriture. Fichue pour fichue, elle entra en contact avec son double, et dans un dernier éclat, disparut dans le néant.

<a rel="noreferrer noopener" href="http://emmanuellebaudry.wordpress.com/2022/02/22/point-de-vue-ii… » target= »_blank »>Point de vue bis, photographie surréaliste par Emmanuelle Baudry
<a rel="noreferrer noopener" href="http://emart-emmanuellebaudry.e-monsite.com/album-photos/eclat-d… » target= »_blank »>http://Éclat de lumière, photographie fractale surréaliste par Emmanuelle Baudry

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